Retour au Rajasthan
23 février - 3 mars 2016
Déjà plus d'un an que nous sommes retournés en Inde…
Le projet était différent : un groupe réuni autour d’architectes ; un tracé adapté aux envies : de Chandigarh, objet d’admiration pour le Maître -le Corbusier, dont l'oeuvre va être classée patrimoine mondial de l'Unesco-, à Varanasi (Bénarès), objet de curiosité et de fascination rêvée, il nous ramenait aussi sur les routes du Rajasthan, en variant les trajets, les moyens de transports. Pour moi, le voyage précédent enrichissait celui-ci par les variations apportées et permettait à mon regard de se poser avec plus de, comment dire ? de calme- ou un peu moins d’avidité-, à mon esprit de pas être constamment en surchauffe devant la masse d’images, de sensations… Mais bizarrement, la place des visites, des monuments m'a paru plus importante -l'influence des architectes peut-être ?- sans qu'ils soient plus présents dans mes photos. Je me dis que ces images-là peuvent se trouver dans tout bon guide, peut-être... Un jour, je mettrai celles du palais de Bikaner, des palais devenus hôtels de luxe... qui sait ?
Finalement, bien sûr, bien peu de moments se sont répétés vraiment, à part peut-être notre passage chez le marchand où nous avions acheté un tapis !
A Delhi, après un tour dans les quartiers administratifs, nous avons juste visité la grande mosquée Jama Masjid- photos interdites et longue blouse nylon pour les femmes-, et laissé nos valises à l’hôtel avant de partir à Chandigarh avec un sac léger. Pas de train, l’Inde aussi connaît les grèves, nous prenons l’avion. Dommage, on voit nettement moins le paysage !
Le retour à Dehli se fait en train, avec repas servi à bord (plus celui fourni par l'hôtel, on ne risque pas l'inanition !), mais la nuit tombe vite et la ville reste pour moi comme une parenthèse.
L’avion, ça va vite, certes, mais… le vol est à 12 h 40, et il faut arriver 2 heures plus tôt, sur le chemin de l’aéroport nous avançons dans les embouteillages, du moins ça y ressemble pour nous, mais ça reste « fluide » d’après le guide, au milieu d’une circulation zigzagante où tuk tuk et vélos se faufilent, et d’un concert de klaxon permanent (« horn please » !). Nous traversons un nouveau quartier, ça pousse à toute allure, immeubles, métro aérien, mix d’agitation indienne et d’urbanisme international.
Je ne sais pas où l’Inde en est avec le terrorisme, mais à voir les guérites, les soldats en armes retranchés derrière des plaques de blindage et les contrôles à l’entrée, ça a l’air sérieux et vigie pirate fait plutôt amateur. Nous nous installons, nous attendons, attendons. Pas d'envol, mais des essais incessants d'ailerons, mmmuuuiii mmmuuuiii, le sketch devient un peu stressant, quand un Américain exige de parler au responsable (lequel ?), finalement nous changeons d'avion...
En fin d’après-midi nous retrouvons Jodhpur. Descente du fort de Mehranghar vers la ville au soleil couchant par les ruelles étroites, promenade sur la place de la Clock Tower, dîner sur la terrasse d’un palace –l’hôtel Raas- au pied du fort illuminé, retour en tuk-tuk, les plaisirs du tourisme de luxe sont bien agréables ! … mais comment vit-on derrière ces façades colorées ?
Après la visite du fort, nous partons pour Udaipur. La route quitte les grandes étendues planes, poussiéreuses que je connaissais pour serpenter à travers la chaîne des Aravelis.
Peu de circulation, des bandes de singes dans les arbres, et dans un vallon le sanctuaire jaïn de Ranakpur, bloc sculpté impressionnant.
Sur un plateau, nous nous arrêtons pour observer la noria qui permet l’irrigation des champs.
Le soir, je suis accueillie,- seule, après la nuit précédente rythmée par le hurlement des trains, j'ai lâché le groupe- dans un hall prévu pour deux cents, par une adorable demoiselle qui me marque le front du point rouge porte-bonheur.
Udaipur s’étale au bord du lac, et cela lui donne un air plus… européen ? peut-être pas tout à fait ! Le palais est une succession de cours, de salles, d’appartements richement ornés –on y trouve même des azulejos- qui renferme une belle collection de peintures.
Promenade digestive dans un charmant parc,
et en fin de journée, une promenade en barque nous emmène dans un pavillon d’été au milieu du lac, où on prend un rafraîchissement dans un environnement très princier. Quel contraste avec le temps que nous avons passé dans le bazar ! Couleurs, bruits, odeurs, petites échoppes, mouvement… et gentillesse pour ces touristes lourdauds que nous sommes.
Train à nouveau. Wagon lit pour Jaipur, les couchettes sont sommaires, séparées de l’allée centrale par de simples rideaux. Du monde partout dans les gares, foule patiente, porteurs surchargés.
Bonjour au palais des vents, montée à dos d’éléphant cette fois au magnifique fort d’Amber, promenade en rickshaw, plus loin, plus longtemps- et, horreur !- cela prend une apparence « normale », je veux dire que du mini tour de touriste nous sommes passés à la course de taxi. Mais c’est toujours un pauvre homme enchaîné au boulot- le nôtre revient une semaine chez lui après un mois de boulot et rêve d’avoir un jour son propre rickshaw- qui traîne nos derrières d’occidentaux bien nourris…
Et un arrêt chez un bijoutier, un autre chez un marchand d’étoffes et de tapis, le même qu’il y a deux ans, il faut bien faire marcher le commerce, et nous ne nous en privons pas, c’est beau et ils sont bons vendeurs !
La route nous redonne l’échelle du temps, de Jaipur à Agra, pour 240 km le livret nous prévoit environ 5h30. Ca laisse le temps de voir le paysage !
Arrêt à Fatehpur Sikri, palais impérial posé au milieu de la campagne, ville fantôme parfaite, irréelle.
A Agra, le Taj Mahal se refait une beauté, les tours sont enveloppés d’échafaudages. Qu’importe, miracle informatique, elles disparaissent sur la photo souvenir oubliée en chemin.
Au Fort Rouge la foule des visiteurs écoute la triste fin de Shah Jahan, que son fils fit emprisonner avant qu’il ne ruine le trésor avec la construction d’un deuxième projet sur l’autre rive de la Yamuna.
A partir de là, nous quittons nos traces pour rejoindre Bénarès/Varanasi.
(à suivre)