Qu'apprend-on par la fenêtre d'un bus ?
retour en janvier 2013
Ce qu’on a vu du quotidien…
Pas grand chose, sans doute ; les métiers du tourisme, notre guide, le chauffeur et son aide (il distribue les bouteilles d’eau, range les bagages… et quoi d’autre ? mystère.. ; tout petit boulot), à eux deux ils assurent une propreté impeccable, dedans comme dehors, malgré les kilo de poussière avalés par le bus ; le personnel des hôtels, nombreux, souriant à l’accueil, efficace et discret ; le portier, splendide avec sa moustache et son turban, dira que son service fini, tard le soir, il rentre à vélo chez lui très loin et revient tôt le lendemain ; quelques marchands de petits riens, colliers, bracelets, marionnettes, tout à 200 roupies, qui se pressent à la porte du bus dans les lieux touristiques, quelques rares mendiants.
Avec tous ces gens c’est Ravi qui règle les questions de pourboire, choisit quelques vendeurs, paye les entrées des sites touristiques, nous achète sur le marché goyave ou sapotille pour nous les faire goûter, ou des bintis dans un bazar. Nos contacts directs sont donc très rares, nous sortons seuls de l’hôtel pour flâner dans quelques boutiques de luxe voisines à Jodhpur, nous achetons la timbale pour Eugène dans une « vraie » boutique, l’éphémère bracelet d’Esther vient d’une boutique de restaurant… Ravi m’assiste pour l’achat des saris, de la brosse en terre cuite. Peu d’audace donc.
Mais quand même, la vie de la rue laisse entrevoir les activités populaires, le commerce des marchés, des boutiques moins fourre-tout qu’il n’y paraît, des petits métiers de service : coiffeurs, barbiers, repasseurs, réparateurs, plats à emporter ou à consommer debout ; le trafic important des tuk-tuk transportant des grappes de gens, d’écoliers, les livreurs ; l’importance des métiers du bâtiment, même si on ne comprend pas bien les règlements (d’immenses quartiers en périphérie des grandes villes, des lotissements fantômes en pleine nature, des bâtiments isolés…) se mesure à la quantité de briques alignées, prêtes à être chargées, aux publicités pour des ciments, aux perches servant aux échafaudages… A la sortie d’une ville les ateliers de sculpture se suivent sur deux kilomètres, ailleurs les poteries s’entassent.
En campagne, les exploitations sont familiales, les saris colorés des femmes ponctuent les champs de couleurs vives, alors qu’elles sont comparativement peu nombreuses dans les rues des villes. Dans les zones sèches, je me demande de quel rapport peuvent être les efforts déployés.
Tous ces gens s'activent, pour un profit qui semble mince et dans des conditions qui nous paraîtraient difficiles... Leur force de travail coûte beaucoup moins qu'une machine. Que pensent-ils de ces touristes qui passent, l'appareil photo en main ?
Nous visiterons un atelier de broderies, où l’on retravaille des costumes de mariage brodés d’or, une manufacture de tapis, on nous dit que les enfants ne travaillent pas -mais les tapis sont faits dans les familles...
Ravi insiste beaucoup pour nous dire que l’école concerne tous les enfants, avec une école gratuite, fournissant un repas quotidien –c’est ce que nous verrons à Achrol-, mais les guides relativisent en parlant d’une analphabétisation encore grande-. Nous croiserons beaucoup d’écoliers, généralement en uniformes, parfois en mauvais état ou librement interprétés.
Ce qu’on un peu vu aussi, c’est la place du religieux. Beaucoup de maisons sont sous la protection d’une divinité, souvent Ganesh, ou de porte-bonheur, le signe rouge porté sur le front –tilak ou bindi- caractérise les hindous, les plus nombreux.
Nous avons aussi croisé une fois un pèlerin Jaïn nu, http://veganrevolution.free.fr/articles7/jaina.html http://jacques.prevost.free.fr/cahiers/cahier_29.htm. Evidemment si les musulmans ne sont pas très nombreux, ils ont laissé des traces importantes dans les capitales mogholes qu’ils ont gouvernées, et le mausolée gigantesque du Taj Mahal est admiré de tous.
Enfin, le dernier jour, nous avons visité un temple sikh à New-Dehli, grand comme un pâté de maisons, avec le temple, son bassin, les cuisines et la salle où l’on offre un repas à qui veut.
Sous un arbre, des quantités de tout petits godets de terre cuite font penser à des offrandes.