Vamos a la bodega !
Veinards, on est des veinards. Après l’offre d’un somptueux séjour/réveillon sur l'île de White -que notre modestie nous conduisit à refuser-, voilà que J. Duhart nous concocte une virée en Espagne. Bonne idée, plus dans nos moyens, et puis en Espagne, il fait toujours beau, non ?
Non. Pas grave, cap sur Mont de Marsan dès le mardi après-midi, ça va être le pont le plus long de l’année, retour prévu lundi matin !
L’avantage du clé en main, c’est qu’il n’y a qu’à se laisser guider, l’inconvénient, ben c’est pareil. Résultat, je ne maîtrise pas l’itinéraire, l’espace, d’autant qu’il n’y a pas de cartes, Jacques est un homme moderne qui se sert de son GPS.
En gros, après un premier repas espagnol, nous traversons le pays basque sous la pluie, Donostia, Vitoria Gasteiz et nous arrivons à Haro, capitale de la Rioja alta, pile sur la bodega visée. Beau bâtiment ancien, avec une extension de Zaha Hadid. Dégustation à la tienda qui s’y trouve, et voilà, le ton est donné : c’est un voyage archi-œnologique. Ah, ah, ah…
Visite de la ville, bow-windows (como se dice en español, no lo se), traces troublantes du passé ("Antonio primo de Riveira" se devine encore sur la façade de l'église), excellentes tapas bien arrosées au vin local.
Jeudi. Même pas mal, on peut remettre ça. Visite guidée de la bodega Ysios, de Calatrava (« l’architecte a choisi le lieu , nous l’avons acheté »… ben voyons...), dégustation… Mise en scène impressionnante, loin de l’idée que j'ai des caves françaises.
Menu del dia et direction la bodega Marquès de Riscal. Là, ils se sont offert Gherry pour construire l’hôtel attenant. Effet garanti.
Arrêt à Lerma, café sur la vaste place, face au parador. Dans la boutique sous les arcades on trouve des chaussettes de boy-scout, des lots de caleçons qui datent de cinquante ans, les chemises sont de la même époque.
Nuit à Fuentespina, plato combinado basique dans le snack d’à-côté.
Vendredi. On change de région, du moins pour les vins, on est dans le Duero, mais on commence par un coup d’œil sur Peñafiel, couronné par son château tout en longueur (quand on le voit de profil, du coup, on dirait un décor). On y trouve une grande place étrange, destinée à servir d’arène (jusqu’à deux combats si on la sépare en deux), au sol de terre. Les portes sont renforcées, les balcons intérieurs permettent de suivre les combats, mais là tout est fermé, c’est bizarre.
Au passage, visite –sans dégustation- de Cesped 21 menée au pas de charge et appareil à la main (Jacques a raconté qu’il s’agit d’architectes admiratifs, alors…).
Après, fini de rire, les choses sérieuses commencent. Michèle compte sur ses doigts, elle n’en aura pas assez, pour savoir combien de caisses ils doivent rapporter : la voiture va se remplir (« voyagez légers » qu’il avait dit) à ras bords. Pour nous, ce sera "juste" une caisse de Gavilan, deux de Phyllos et une de de Blas Serrano, dix-neuf au total… Il faut charger finaud ! Une visite entre-temps, cette bodega-là joue la carte artistique, expo dans le hall monumental.
Bon, deux heures, heure de déguster un demi agneau grillé au four, halte gastronomique à Aranda de Duero
et puis route vers Abejar. Petite balade au milieu des genévriers. Au bar, on regarde la corrida de Madrid.
Samedi. Changement de décors, route de montagne, promenade à la laguna negra (et devinez pourquoi il était évident qu’on y aille ? J’ai cherché un moment et j’ai fini par trouver… la voiture de Jacques, c’est une Laguna. Si. Noire, bien sûr).
Déjeuner dans la grande salle d'un restau quasi vide, une table de quarante couverts est dressée. Une communion ? Non, l'équipe de supporters d'une équipe de foot féminine de je ne sais plus où... Promenade digestive dans le village.
Près de Logroño, une dernière bodega, découverte grâce à un bug du GPS qui veut nous faire prendre une autoroute même pas encore finie –bonjour les mises à jour hâtives !-
et nous déambulons le soir dans les rues du cœur de Pamplona, bondées, animées, la bière coule à flots. Dans la Estafeta, la rue où tout se passe –feria, tapas- nous trouvons une table où des serveuses au bord de l’épuisement finiront par nous servir, en français, on ne parle pas le castillan ici, non mais !
Dimanche. Au bas de l’hôtel passe le semi-marathon, nous filons sur la grande place pour un petit déjeuner à la brasserie Iruña qui s’enorgueillit de la fréquentation d’Hemingway.
Direction la banlieue. Le musée Oteiza est plutôt brutal de l’extérieur mais particulièrement graphique à l’intérieur. Il résulte d’une collaboration artiste/architecte, du sur mesure pour exposer la collection personnelle de l’artiste. Et figurez-vous que c’est son dixième anniversaire, entrée gratuite et concert en prime !
Voilà, retour à la brasserie, pleine à craquer cette fois, à la table voisine la communiante est déguisée en minimariée, et en route vers Mont de Marsan. Les directeurs ont presque oublié leur boulot. Avant-goût de retraite…
P.S. pas de peluqueria rigolote. D'abord elles sont souvent à l'étage. Et les ciseaux renvoient à autre chose...